Enfant, on nous demande souvent ce qu’on veut faire dans la vie alors qu’on ne connait pas la vie, je veux dire autre que l’école…
Et puis une fois qu’on a finalement le diplôme ce n’est pas fini, on se bagarre pour avoir un travail, et une fois que nous avons le travail ce n’est pas fini, il faut réussir à s’entendre avec les collègues, à diriger ses projets, et puis garder son travail, et puis essayer d’avoir une bonne retraite…
Je parle de ça parce qu’en général, c’est à ça que préparent les écoles, elles veulent mettre l’énergie pour plus tard… pour plus tard, quoi, en fait ?
Il me semble que si nous nous préparons toujours pour plus tard, notre « maintenant » est toujours dans la préparation de l’avenir… et de fait nous ne vivons pas, ou mal, le temps présent.
J’ai connu les expériences de création et le festival entrendanse, enfant-élève, à l’école de Bohars, grâce à l’engagement d’un instituteur, Yves Le Du, et j’aimerais témoigner de ceci :
Tout à coup, on revient au corps, aux sensations, à la présence d’ici, je suis là sur ce plateau, Claire là, Céline, je passe entre deux,…Il y a aussi toutes les émotions que je garde encore aujourd’hui simplement parce que cet instant était réel. Je veux dire, sans tous les concepts que nous fabriquons tout le temps, véritablement nous sommes là et nous percevons les choses, sans rien ajouter.
Même si les émotions sont là, elles ne nous entraînent pas car… nous sommes ici, à sentir, à être.
Ce qui se passe ici, c’est que, grâce au professeur, nous ouvrons quelque chose, dans le temps et l’espace.
Nous ouvrons un espace et un instant.
Autrement dit, quelques secondes suffisent pour vivre, pour être, éternellement.