Quand la voix danse

15 JUIN – 19h30

Olivier Benoit est guitariste, compositeur chef d’orchestre et improvisateur. Il investit aussi bien les champs de l’improvisation libre, de la musique expérimentale que ceux du jazz ou de la musique contemporaine et électronique. Il participe ainsi à des projets mêlant différentes discipline. Pendant trois ans il a travaillé sur plusieurs projets mêlant musique et danse à l’école de Bohars.


 


Je me souviens du premier jour, où, n’étant qu’observateur ou presque, j’appréhendais l’espace, je faisais connaissance avec chacune et chacun. Il  me fallait ressentir au plus profond de moi l’esprit « Bohars » celui qui fait que Bohars est Bohars, qu’ ici, différemment d’ ailleurs, s’inventent de si belles choses. Une fois ce bref temps passé à ressentir, à éprouver par le cœur, le cerveau, l’âme, les vibrations de cet endroit magique et habité, je savais que tout allait se dérouler naturellement. C’est souvent sur place que les idées fusaient, qui elles-mêmes en entraînaient d’autres : tel mouvement dansé dont nous profitions pour élaborer tels sons, puis la musique, ou inversement…

 Je me souviens de ces trois années comme si c’était hier et mes souvenirs sont remplis d’émotions.

Olivier Benoit

Parmi les nombreux souvenirs, j’ai en tête :

-La première année où nous avions mis en place la chorale de sons dans la cour avec toute l’école, des tous petits jusqu’aux plus grands, du regard, de l’attention des enfants, de leur joie mêlée à leur petite appréhension, bien que certains d’entre eux avaient déjà une belle expérience de la scène.

– Le son et du geste du jour proposés par un enfant chaque matin rituel institué par Yves dans sa classe, son et geste qui nous donnaient quotidiennement à éveiller nos sens avant de débuter la journée.

– Les répétitions dans le hall, souvent avec deux classes, qui pouvaient débuter dans un joyeux capharnaüm qui se structurait rapidement, répétitions durant lesquelles, débordant d’imagination nous élaborions avec les enfants et les maîtres, pas à pas, in situ le concert dansé.

– L’orchestre de radios que nous avions mis en place le temps d’un concert à Beaux Arts lors de Longueur d’onde, : une trentaine d’enfant assis en arc de cercle, munis de radios qu’ils avaient fouiné dans leur famille, chez les grands parents…. La radio n’était plus soi populaire à l’époque, et il nous fallait des modèles à antenne, analogiques, assez anciens pour produire les sons les plus beaux.

– Le marathon de ces journées folles où j’enchaînais classe par classe les répétitions presque sans interruption, épuisé mais heureux d’avoir vu naître tant de nouvelles idées !

Il n y a pas de problème, il n y a que des solutions était notre credo !

Chaque jour, chaque classe tissait sa trame, intégrant autant que possible, les activités de l’année,  l’une avec Katell qui était axée sur le théâtre, que nous intégrions dans le projet: les mots entraient dans la danse !

– Et puis les spectacles lors d’Entrendanse, de cette intense émotion d’avoir réussi tous ensemble à mener le projet à bout, dans la joie et l’exigence !

Lors du dernier Entrendanse justement, le souvenir du si touchant duo avec Katia, 10 ans, haute comme trois pommes, qui n’avait peur de rien, surtout pas de se jeter sous les feux des projecteurs ni de se lancer dans une improvisation en toute liberté avec un guitariste de deux fois sa taille lui debout sur scène avec sa guitare jouant des sons peu orthodoxes mais vivants, de l’instant, inspirés par la toute jeune danseuse, Katia qui dansait, virevoltait, bondissait sur moi ou s’accrochait à moi jouant, retombait, au fil des sons que je produisais.

Sur scène, il n y avait plus d’enfants, de maîtres d’intervenants, il y avait des artistes, unis dans un même désir de beauté du son et du geste. La magie surgissait  nous étions dans un espace d’expérimentations sans limite !

Merci Bohars, merci Escabelle, merci Katell, Gérard, Nicole, Yves, Martine, Joëlle, Anne Dominique merci les enfants devenus grands, pour ces beaux souvenirs  qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire !

Olivier Benoit